ETHOS

La réhabilitation des conditions de vie dans les territoires contaminés par l'accident de Tchernobyl en Biélorussie

ETHOS1

Ecoute de la population, coopération et éthique

A partir du printemps 1996, l’équipe ETHOS a fait plusieurs séjours à Olmany pour mettre en œuvre le programme de réhabilitation dans les territoires contaminés, impliquant la population locale et englobant tous les aspects de la vie, sanitaire, économique, social et culturel.

Une charte de coopération a été signée au début du projet, entre l’équipe ETHOS, les autorités locales, régionales et nationales.

Dès le départ, le cadre contractuel du projet était clairement défini. Il consistait à rétablir des liens de confiance avec la population de ce village, par une mise en présence de toute l’équipe sur le terrain. Lors du premier séjour, une grande réunion publique a été organisée. Une centaine d’habitants du village y ont assisté. A la question " Messieurs les experts européens, pouvons-nous vivre ici ? " l’équipe avait décidé de se conformer à un principe éthique en répondant : " nous ne sommes pas venus pour répondre à cette question, par contre, nous voulons bien aider les gens qui veulent vivre ici, et travailler avec eux à améliorer leurs conditions de vie ".

Au cours des premiers séjours, des mesures de l’irradiation externe, menées conjointement avec les habitants de manière systématique sur l’ensemble du village, ont montré que les niveaux de contamination pouvaient varier considérablement d’un endroit à l’autre, et que, s’il existait des zones de haute concentration – dans la forêt notamment – il subsistait aussi des lieux " propres " – à l’intérieur des maisons par exemple. Petit à petit, les villageois ont appris à se servir d’un radiamètre et à prendre en charge eux-mêmes le contrôle du risque radiologique dans leur environnement.

Approche pragmatique

Si le cadre contractuel et éthique était bien défini dès le départ, la méthodologie s’est en revanche construite progressivement, de façon pragmatique, sur le terrain. A posteriori, elle se traduit suivant le schéma suivant :

  1. Ecoute – construction d’un cadre de coopération (population – autorités – équipe ETHOS) : 
    Ecouter et faire s’écouter les personnes concernées ; rassembler des volontaires en groupes de travail autour de projets communs et des objectifs précis, à court terme,
     
  2. Evaluation commune de la situation radiologique : 
    Participation de la population au travail de mesure, de mise en forme, de présentation (graphiques) et d’interprétation des résultats des mesures de l’irradiation externe et des produits alimentaires – s’appuyant notamment sur les postes de radiamétrie mis en place par l’institut Belrad du Pr. Nesterenko –, à la comparaison et la mise en perspective avec d’autres situations, à la confrontation avec les objectifs globaux et les contraintes locales, 
     
  3. Identification de marges de manœuvre et d’amélioration : 
    Identifier les actions possibles qui contribuent durablement à améliorer la qualité de vie, et qui redonnent à la population le contrôle sur la situation radiologique, en évitant les interdits. 
     
  4. Mise en œuvre – interaction entre acteurs : 
    Mettre en œuvre les actions précédentes ; favoriser la coopération entre acteurs et entre filières (par exemple entre médecins et mères de famille, kolkhoze et producteurs privés, etc.).

Six groupes se sont ainsi constitués au sein de la population, avec le soutien de l’équipe ETHOS et des autorités locales, autour d’objectifs prioritaires comme le contrôle de l’exposition radiologique des enfants, l’amélioration de la qualité de la production de lait et de viande, la gestion des déchets contaminés. Ensemble, villageois et scientifiques ont cherché, et trouvé, des moyens d’agir pour limiter, voire éliminer dans certains cas, les risques de contamination.

Développement d’une culture radiologique pratique

Le projet ETHOS 1 a démontré la possibilité à l’échelle d’un village de créer les conditions d’une prise en charge de la protection radiologique des enfants par les mères de famille et de permettre le développement d’une culture radiologique pratique en phase avec la vie quotidienne au village. Les résultats obtenus ont conduit les autorités biélorusses (locales et nationales) à souhaiter que soient étudiées les conditions d’une diffusion de cette démarche, sur la base d’un transfert d’expérience et de méthodologie vers l’administration locale biélorusse des territoires contaminés (ETHOS 2).